2022-01-14

2009

Une voix qui porte !

Depuis plus de quatre siècles, les Québécoises et Québécois s’affirment à travers la parole. Aujourd’hui encore, elle permet aux gens d’ici de porter une voix unique, bien à nous, dans les coeurs et les esprits.

En 2009, dans le cadre de la 175e édition de la Fête nationale du Québec, saluons la parole de celles et ceux qui donnent vie à notre culture et à notre identité. Dans leurs mots, ces Québécois affirment la richesse de notre langue, la beauté de nos histoires et la force de nos idées. Car entre les mains du lecteur, dans les yeux du spectateur et l’esprit du public, les Québécoises et les Québécois qui ont pris la parole ont donné vie à notre nation et lui donnent encore toutes les raisons de célébrer notre voix, une voix qui porte !

L’affiche

Lancement national

Les porte-parole

Boucar Diouf

Originaire du Sénégal, Boucar Diouf habite le Québec depuis 1991. Sixième d’une famille de neuf enfants – six garçons et trois filles –, il est né et a grandi dans la province du Sine, le fief de l’ethnie sérère au Sénégal. Traditionnellement, les Sérères sont des éleveurs de zébus et des cultivateurs d’arachides. S’il a fait des études supérieures, c’est surtout parce qu’il voulait se donner toutes les chances de ne pas cultiver des arachides, comme son père, pour qui l’éducation était très importante, même s’il ne savait pas lire. Il disait cependant que les illettrés étaient les aveugles des temps modernes et qu’il ne voulait pas, de son vivant, voir son fils ou sa fille souffrir de ce handicap.

Durant 8 ans, Boucar est chargé de cours en biologie à l’UQAR. Il est très attaché à la ville de Rimouski, sa terre d’adoption. Il dit lui-même que « treize ans passés dans le Bas-du-Fleuve au Québec ont fait de moi un baobab recomposé. Entre mes racines africaines et mon feuillage québécois, se dresse mon tronc sénégalais ». Ses étudiants, qui lui trouvent un talent certain pour l’humour, le poussent à s’inscrire à Juste pour rire. Par la suite, il sera sacré révélation de l’année 2005 au Grand Rire de Québec. Il reçoit également le Prix Jacques-Couture 2006, prix remis par le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles pour le rapprochement interculturel.

Marie-Chantal Perron

 

De Marie-Chantal Perron, tous s’entendent pour dire que son rire est contagieux ainsi que sa joie de vivre. Depuis sa sortie de l’École nationale de théâtre en 1989, on a pu la voir dans plusieurs productions où elle a pu démontrer son aisance à passer de la comédie au drame. Marie-Chantal Perron n’a pas cessé de travailler. Dès ses débuts, on peut la voir à la télévision dans les téléromans Chop Suey, Grafitti, Les Héritiers Duval, Volcan Tranquille, dans les téléséries Blanche, Marguerite Volant, L’Affaire Kafka, Réseaux et Grande Ourse 2. Depuis plus de 10 ans, elle nous fait rire dans Histoire de Filles. Elle a su nous émouvoir dans le rôle d’Élise dans Nos Étés 1-2-3. Ce rôle lui a valu d’ailleurs une nomination comme meilleure actrice de soutien au Gala des Gémeaux en 2006 et elle a reçu le trophée de la meilleure actrice de soutien dans une télésérie au Gala Artis 2007 pour son excellente interprétation d’Élise dans Nos étés 3. On peut la voir toutes les semaines dans le rôle d’Annette dans le téléroman Destinées à TVA et à quelques reprises dans la série Les Parent à SRC dans le rôle de Marie en compagnie d’Anne Dorval et de Daniel Brière.

Au cinéma, c’est dans La Mystérieuse Mademoiselle C. qu’elle se surpasse avec son grand talent, sa candeur et sa joie de vivre, ce qui lui a aussi valu une nomination comme Meilleure actrice au Gala des Jutras 2003. Suite au succès du premier film, Mlle C est revenue avec de nouvelles aventures dans L’incomparable Mlle C, film réalisé par Richard Ciupka, d’après les romans de Dominique Demers, un scénario de Normand Canac-Marquis. Dans le 3e film de Ghyslaine Côté, Le secret de ma mère, Marie-Chantal incarnait le rôle d’Annie, un long métrage qui est sorti à l’automne 2006. En 2007, elle participait au tournage du film Borderline dans le rôle de Caroline, un film réalisé par Lyne Charlebois adapté du roman de Marie-Sissi Labrèche.

Prix « Artisan »

Pour ce premier prix, nous avons choisi un enfant chéri du Québec. Il peut se vanter d’avoir été à la barre de 10 grands spectacles de la Fête nationale, aussi bien à Québec qu’à Montréal. C’est un record considérable et aucun autre animateur ne peut se vanter d’en avoir fait autant. Avec lui, la Fête nationale est entrée de plein pied dans la modernité, devenant, par le fait même, une célébration rassembleuse et des plus festives. Monsieur Normand Brathwaithe !

Discours patriotique

Ce soir, c’est tout le Québec que j’invite chez-nous

Chez-nous
Où la parole nous unis
Où nous vivons à notre façon
Notre langue française
La langue de chez-nous
Celle qu’on « barouette »
Et qu’on « bourrasse »
Celle qu’on bûche
Qu’on casse
Et qu’on exagère
Celle qu’on sculpte
Sans la blesser
Pour qu’elle nous ressemble

Je vous invite chez-nous
Où le « joual » de mon père
Embrasse les prières de ma mère
Et où les grands discours
Côtoient les calembours
Et la rime

Chez-nous
Où nos cœurs battent au rythme
Des chansons à répondre
Et du moulin de la scierie
Où on parle en veillant sur le perron
Où on poli le commérage
Et où on discute de corde à linge
Et de sainte flanelle

Chez-nous
Où je nous entends
Où je VOUS entends
Et vous…
M’ENTENDEZ-VOUS ?

M’entendez-vous
Vous inviter chez-nous
Où notre voix porte des messages d’espoir
Et des mots d’amour
Des murmures et des silences
Dans lesquels on se raconte
En lettres intimes
Comme en grandes aventures

Je vous invite chez-nous
Ne soyez pas gênés
Entrez, entrez…
La porte est ouverte
La table est mise pour un grand banquet
Une belle veillée

Dites-moi :
Avez-vous envie de danser sur des musiques d’ici ?
Avez-vous envie de chanter des airs de chez-nous ?

Bien vous êtes à la bonne place
Vous êtes ici, chez-vous

Bonne Fête nationale !

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Texte d’auteur

Qu’est-ce qu’une voix qui porte? Jusqu’où porte-t-elle? Et que porte-t-elle au juste?

Voilà plus de quatre siècles que les premières Européennes, les premiers Européens à être venus s’établir en ces terres d’Amérique y ont apporté avec eux leur voix, véhicule de leur langue et de leur culture, de leur esprit et de leur âme.

De cette voix dont les échos ont porté d’un océan à l’autre, elles et ils ont voulu nommer le territoire, ses peuples aborigènes, sa faune, sa flore. Et au fil de leur aventure quatre fois centenaire, ces enfants spirituels de Saint-Jean-Baptiste ont cherché à exprimer qui elles et ils étaient à travers leur vision de ce Nouveau Monde appelé à devenir le leur.

Ce n’est pas un petit exploit d’avoir su découvrir, explorer, apprivoiser et habiter ce continent aux premiers abords hostiles. Ce n’est pas mince affaire d’avoir su non seulement planter des drapeaux, ériger des clochers, labourer la terre, récolter la moisson de ce labeur et le faire fructifier. Ce n’est pas une bricole d’avoir su faire résonner la langue de France de la Gaspésie jusqu’à la Louisiane, de l’Acadie jusqu’à la Côte Ouest de la Californie, de lui faire don de tous ces multiples accents qui l’assaisonnent comme les épices convoitées par les premiers découvreurs qui en cherchaient la route. Ce n’est pas rien d’avoir su établir des communautés sous la bannière de cette langue, celle de Molière et de Rabelais, celle de Jacques Cartier et de Ronsard, celle d’Émile Nelligan, de Gabrielle Roy, d’Yves Thériault, d’Anne Hébert, de Gaston Miron, de Guillaume Vigneault.

Cette voix qui porte, c’est une voie maritime qui a porté sur ses flots, à contre-courant, depuis l’Atlantique jusque dans les plus anonymes petits lacs du cœur de la forêt boréale, les rêves et les aspirations de ces pionnières et ces pionniers qui espéraient trouver ici une vie meilleure que celle que leur promettait la mère-patrie.

Cette voix qui porte, elle colporte les poèmes et les légendes, les noms et les pronoms, les adverbes et les actions de tout un peuple qui a choisi de ne pas se taire quand trop de gens l’y incitaient, qui a choisi de dorloter ses parlures et ses patois, ses mots d’amour et ses jurons, ses complaintes et ses clameurs de victoire.

Cette voix qui porte, c’est une voix chorale dont le chant s’est enrichi de tous les refrains et couplets d’ici, de toutes les cadences et rythmes d’ailleurs, une voix démultipliée qui nous incite à la danse comme au recueillement, aux réjouissances comme aux prises de consciences, aux cris comme aux chuchotements.

Cette voix qui porte, c’est celle qui crie dans ce désert aménagé par nos petites lâchetés quotidiennes, par notre indifférence à autrui et par la sensibilité qui nous fait parfois défaut. C’est celle qui nous rappelle notre devoir de dire haut et fort, de nommer pour aujourd’hui et les siècles à venir les obstacles au mieux-être de notre collectivité.

Cette voix qui porte n’est pas voie d’évitement. C’est une voie d’avenir, une voie prophète en son pays, qui annonce l’avènement de la convergence de toutes ces gens issues d’horizons divers, qui accepteront d’épouser notre cause qui n’est pas de survie mais de cause vie, de partage, de convivialité.

Cette voix qui porte, c’est la mienne, la tienne, la sienne, la leur et la nôtre. Ce sont toutes nos voix fondues en une seule, capable de garder vivants nos secrets et nos espoirs et tout ce qui nous fait exister.

C’est voix qui porte, elle porte tout ce riche héritage, ce patrimoine culturel et humain que nous comptons léguer à nos enfants et aux enfants de nos enfants encore à naître.

À l’instar de la Rome antique, notre Amérique, l’Amérique française, ne s’est pas faite en un jour. Et si, au gré de revers pas toujours favorables de l’Histoire, elle a perdu son étendue d’antan, si des contours n’ont cessé de se voir redessiner, notre Amérique, l’Amérique française – dont le Québec contemporain est devenu par la force des choses à la fois l’imprenable château fort et l’imperturbable phare – n’a pas à plier l’échine, ni à s’excuser d’être et surtout pas à baisser la voix.

Voilà ce que nous célébrons avec fierté, avec orgueil tout à fait légitime, depuis 175 ans. Et voilà ce que nous continuerons de célébrer pour au moins 175 ans encore.

Stanley Péan

Rapport annuel

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