Québec, il y a longtemps que je t’aime
« Il y a longtemps que je t’aime, jamais je ne t’oublierai… », c’est une chanson de notre répertoire qui nous a accompagnés tout au long de notre histoire, une chanson facile à mémoriser que tout le monde fredonne avec plaisir. Un air qui passe par le coeur et qui ne nous quitte plus quand on l’a dans la tête. Québec, il y a longtemps que je t’aime.
L’affiche
La porte-parole
Chanson thématique
Texte d’auteur
Québec, il y a longtemps que je t’aime
Il y a longtemps, longtemps, en 1885 plus précisément, mes grands-grands-grands-parents débarquent sur les rives du Saint-Laurent.
Balluchons sur le dos, ile vendent des fils et des lacets, des aiguilles et des gilets, de maison en maison, de village en village.
Ile rencontrent Albert, Rémi et Alphonse, Rose-Aimée et quelques autres; ils apprennent quelques mots : bonjour, bienvenue, entrez donc voyons, venez vous réchauffer ! Ils voient l’intérieur des maisons, boivent quelques petits verres de caribou, mangent des plats du pays.
À LA CLAIRE FONTAINE, M’EN ALLANTT PROMENER, J’AI TROUVÉ NEIGE SI BELLE, MAIS J’AI EU PEUR DE RESTER.
Ils reprennent le bateau et rentrent chez eux. Au village, ils racontent des histoires de froid et de neige mais aussi de chaleur humaine et d’hospitalité, ils répètent à leurs enfants ces quelques mots : bonjour, bienvenue, entrez donc voyons, venez vous réchauffer !
Quelques années plus tard, l’un des enfants qui avait tout entendu et tout retenu, prend le bateau avec sa femme qui vient d’avoir un enfant. L’enfant, ils le laissent aux grands-parents.
Iskandar et Heloué, jeunes et fringants, balluchons sur le dos, marchent à leur tour jusqu’à Chicoutimi où ils se lient d’amitié avec Irénée et Christiane et Jean-Paul et Amanda et quelques autres, puis, ils marchent … Jusqu’à Havre Saint-Pierre où ils ouvrent un petit magasin. Grâce à Gaston, Gilles, Germaine et Louise et la beauté du paysage, tranquillement, ils s‘installent; tout comme Gonzalez et Maria à Québec, Marco et Giuseppe à Montréal, Dieudonné à Trois-Rivières, Jeffrey et Élizabeth à Sherbrooke, Béatrice et Michel en Abitibi.
À LA CLAIRE FONTAINE, M’EN ALLANTT PROMENER, J’AI TROUVÉ VENT SI FORT, AU HAVRE JE SUIS RESTÉ.
Et le temps passe et le pays se peuple … Et le peuple travaille et bâtit le pays … depuis presque quatre siècles déjà …
1930. Celle que j’appellerai plus tard grand-maman arrive avec deux de ses enfants, en laissant au village son troisième, celui qui deviendra mon père.
Mon père, devenu grand, se marie, et plusieurs années après, débarque avec ma mère et leurs cinq enfants … dont moi … qui vous raconte ce qui m’a été conté.
« J’ai pas choisi mais j’ai pris la plus belle » dit une autre chanson.
Tout ça pour dire que les histoires d’hospitalité et de chaleur humaine étaient arrivées jusqu’à nos oreilles et que ces belles histoires ne s’oublient pas et le temps passé ensemble non plus. Ces liens créés font partie de notre histoire commune.
Sait-on jamais … celui ou celle qui a dit « bonjour bienvenue » à mes grands-parents était peut-être votre grand-mère ou votre grand-père … sait-on jamais …
IL Y A LONGTEMPS QUE JE T’AIME, QUÉBEC QUE JE RECHOISIS.
Toi qui chantes et qui danses as-tu choisi ta mère et ton père ? As-tu choisi ton frère et ta sœur ? As-tu choisi le lieu de ta naissance ? Toi qui danses et qui veux chanter as-tu choisi l’amour de ta vie ? Toi qui danses et veux chanter as-tu choisi ton pays ?
Si oui, nous serons au moins deux à dire aux autres qui choisiront : bonjour, bienvenue, entrez donc voyons, venez vous réchauffer !
IL Y A LONGTEMPS QUE JE T’AIME, JAMAIS JE NE PARTIRAI !
Abla Farhoud, Auteur dramatique, Février 1996